Insectes perspicaces dans une parodie des débats scolastiques

Abstract

Dans la Disputa de l'ase (1418), le franciscain converti à l’islam Anselm Turmeda (Majorque, ca. 1352-Tunis, ca. 1424/32) soulève un débat sur la supériorité des hommes sur les animaux. Ce débat a lieu entre le frère Anselm lui-même, sage et instruit, et un âne décrépit. Bien qu’il ait lieu essentiellement entre ces deux uniques personnages, il se produit à un moment une exception: sept insectes méprisables (une mouche, un moustique, une punaise, un pou, une puce, un morpion et une bactérie responsable de la formation des caries) prennent part au débat avec des arguments confortant ceux avancés par l’âne et réfutant ceux de son opposant. Ces personnages secondaires n’apparaissent pas dans l’apologue arabe dont s’inspire l’auteur. Ils représentent un élément original au service, très probablement, de la parodie d’une pratique dialectique propre à la scolastique: les disputationes generales, dans lesquelles un respondens se soumettait aux objections de plusieurs opponentes.